UNE CORRESPONDANCE
D’ELIE DUFAURE ADRESSEE A ALPHONSE DE LAMARTINE
« (…) Je vous
remercie de tout cœur d'avoir fait intervenir l'idée de Dieu dans la République
que vous organisez (…) »
http://www.chateaulamartine.com/
Le 3 Mars 1848
l’étudiant en Droit, Elie Dufaure, bientôt âgé de 24 ans, prend la plume et
écrit une lettre à Alphonse de Lamartine…
Le texte de cette
correspondance, qui figure semble-t-il aujourd’hui dans plusieurs
« ouvrages savants », (recueils commentés des correspondances
d’Alphonse de Lamartine, que je n’ai pu que partiellement consulter et/ou dont
je n’ai qu’une connaissance approximative), est le suivant :
Peut être un
internaute érudit, « Lamartinien » éminent, pourra-t-il me
communiquer la teneur des commentaires qui accompagnent cette lettre d’Elie Dufaure
dans les différents ouvrages dans lesquels elle figure, à savoir :
* Travaux de l'Université de Saint-Etienne - Centre
interdisciplinaire d'étude et de recherche sur l'expression contemporaine -
1972 - Page 91-92
Correspondance d'Alphonse de Lamartine (1830-1867) de Alphonse de
Lamartine, Christian Croisille, Marie-Renée Morin - 2000 - page 272
Je dois à l’obligeance
de Monsieur Philippe Mignot [ http://www.chateaulamartine.com/ :
visitez le Château d'Alphonse de Lamartine situé à Saint Point ! ] plusieurs éléments d’information
parmi lesquels la confirmation que le texte de la lettre que j’ai pu établir
« est conforme à la publication de
Christian Croisille tome V 1847-1849. Honoré Champion éditeur Paris »,
et que « toutes les archives de
Saint Point sont à la Bibliothèque Nationale depuis la vente du château en 2004 ».
Je pense en effet,
sans avoir pu recouper avec certitude ma source, que la lettre d’Elie Dufaure a
été conservée, jusqu’à une date récente, au château de Saint Point et qu’elle
se trouve aujourd’hui à la BNF…
Monsieur Mignot
ajoute : « je pense qu'il faut
considérer cette lettre comme un témoignage d'admiration et qui est resté sans
suite comme beaucoup d'autres je suppose » …
C’est également le
point de vue que je peux en avoir…
« (…) Je devinais qu'un parti républicain se formait, grossissait, et qu'il avait
l'honneur de vous avoir pour tête… (…) »
« (…)
Mon cœur, qu'avaient resserré des actes de vandalisme dont j'étais le témoin,
s'est rouvert depuis que j'ai entendu le concert de louanges dont vous êtes
l'objet et que vous méritez (…) »
Le tableau de Philippoteaux met en valeur un aspect souvent oublié
de la vie de Lamartine : son engagement politique !
Le poète Lamartine impose le drapeau tricolore comme drapeau de
la Seconde République issue de la Révolution de 1848.
Dans une harangue à la foule en 1848, le poète défendit le
drapeau bleu-blanc-rouge, arguant qu'il « a fait le tour du monde avec la
République et l'Empire, alors que le drapeau rouge n'a fait que le tour du
Champ-de-Mars dans le sang du peuple ».
« Noble, célèbre, suffisamment
riche pour siéger à la chambre des députés sous Louis-Philippe, le parcours politique
d’Alphonse de Lamartine est insolite, mais semble-t-il sincère: d’abord légitimiste, puis orléaniste, et enfin républicain!
Février 48 sera le point d’orgue de sa
carrière.
Lorsque la révolution éclate, il fait
partie des députés les plus à gauche qui sont désignés dans l’effervescence
pour former un gouvernement provisoire.
A l’hôtel de ville, ces bourgeois
partisans d’une république modérée doivent composer avec les personnalités
imposées par la foule en armes en particulier les socialistes louis Blanc et
l’ouvrier Albert.
Ses ennemis politiques
ont beaucoup raillé l’incompétence de Lamartine et ses rêveries de poète. Il
n’empêche qu’en dépit des journées meurtrières de juin 48 qui mettent fin à
« l’illusion lyrique », et des peu glorieuses élections
présidentielles de la même année, qui voient la victoire de Louis-Napoléon
Bonaparte et l’effondrement de la popularité de Lamartine, l’oeuvre des « quarante-huitards » marque une date dans
l’histoire politique de la France ! »
© CDDP
de l'Eure
http://crdp.ac-rouen.fr/crdp76/
Élection présidentielle de 1848 :
La participation quoique élevée (75% des électeurs
inscrits) est en sensible recul par rapport aux élections à l' Assemblée nationale en avril 1848 (84% des
inscrits).
Louis Napoléon Bonaparte obtient 5 587 759 voix
soit 74% des suffrages et 56% des inscrits
Alphonse de Lamartine obtient 21.032 voix soit
0,3% des suffrages
|
|
% exprimés |
Inscrits |
9 977 452 |
|
Votants |
7 542 936 |
|
Abstentions |
2 434 426 |
|
Exprimés |
7 519 035 |
|
Blancs ou nuls |
23 901 |
|
Louis-Napoléon Bonaparte |
5 587 759 |
74,31 |
Louis-Eugène Cavaignac |
1 474 687 |
19,61 |
Alexandre Ledru-Rollin |
381 026 |
5,07 |
François-Vincent Raspail |
37 121 |
0,49 |
Alphonse de Lamartine |
21 032 |
0,28 |
Nicolas Changarnier |
4 975 |
0,06 |
autres exprimés |
12 435 |
|
« L’épisode du
drapeau tricolore » sous la plume de Lamartine lui-même :
« Il calma d’abord ce peuple par un
hymne de paroles sur la victoire si soudaine, si complète, si inespérée même
des républicains les plus ambitieux de liberté, il prit
Dieu et les hommes à témoin de l’admirable modération et de la religieuse
humanité que la masse de ce peuple avait montrée jusque dans le combat et dans
le triomphe, il fit ressortir cet instinct sublime qui avait
jeté la veille ce peuple encore armé, mais déjà obéissant et discipliné entre
les bras de quelques hommes voués à la calomnie à l’épuisement et à la mort
pour le salut de tous.
A ces tableaux la foule commençait à
s'admirer elle-même, à verser des larmes, d'attendrissement sur les vertus du
peuple, l'enthousiasme l'éleva bientôt au-dessus de ses soupçons, de sa
vengeance, et de ses anarchies.
« - Voilà
ce qu’a vu le soleil d’hier citoyens ! », continua Lamartine.
« Et
que verrait le soleil aujourd’hui ? - II verrait un autre peuple d’autant plus
furieux qu’il a moins d’ennemis à combattre, se défier des mêmes hommes qu’il a
élevés hier au-dessus de lui ; les contraindre dans leur liberté, les avilir
dans leur dignité, les méconnaître dans leur autorité qui n’est que la vôtre ;
substituer une révolution de vengeances et de supplices à une révolution
d’unanimité et de fraternité ; et commander à son gouvernement d’arborer en
signe de concorde, l’étendard de combat à mort, entre les citoyens d’une même
patrie ! Ce drapeau rouge qu’on a pu élever quelquefois quand le sang coulait
comme un épouvantail contre des ennemis qu’on doit abattre aussitôt après le
combat en signification de réconciliation et de paix ! J'aimerais mieux le
drapeau noir qu'on fait flotter quelquefois dans une ville assiégée, comme un
linceul, pour désigner à la bombe des édifices neutres consacrés à l'humanité
et dont le boulet et la bombe même des ennemis doivent s'écarter; voulez-vous
donc que le drapeau de votre république soit plus menaçant et plus sinistre que
celui d'une ville bombardée? »
«
Non, non, s’écrièrent quelques-uns des spectateurs, Lamartine a raison mes amis
ne gardons-pas ce drapeau d’effroi pour les citoyens !
« - Si, si », s’écriaient les autres « c’est le nôtre. c’est celui du peuple, c’est celui avec lequel nous
avons vaincu, pourquoi donc ne garderions-nous pas après la victoire le signe
que nous avons teint de notre sang ? »
« Citoyens
», reprit Lamartine après avoir combattu par toutes les raisons les plus
frappantes pour l’imagination du peuple le changement de drapeau et comme se
repliant sur sa conscience personnelle pour dernière raison, intimidant ainsi
le peuple qui l’aimait par la menace de sa retraite : « Citoyens vous pouvez faire violence au
gouvernement. Vous pouvez lui commander de changer le drapeau de la nation et
le nom de la France. Si vous êtes assez mal inspirés et assez obstinés dans
votre erreur pour lui imposer une république de parti et un pavillon de
terreur. Le gouvernement je le sais est aussi décidé que moi-même à mourir
plutôt que de se déshonorer en vous obéissant, quant à moi jamais ma main ne
signera ce décret ! Je repousserai jusqu’à la mort ce drapeau de sang, et vous
devriez le répudier plus que moi ! car le drapeau rouge que vous nous rapportez
n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars traîné dans le sang du peuple en
91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom,
la gloire, et la liberté de la patrie ! »
A ces derniers mots Lamartine
interrompu par des cris d’enthousiasme presque unanimes tomba de la chaise qui
lui servait de tribune dans les bras tendus de tous côtés vers lui !
La cause
de la république nouvelle l’emportait sur les sanglants souvenirs qu’on voulait
lui substituer.
Un ébranlement général secondé par les
gestes de Lamartine et par l’impulsion des bons citoyens fit refluer
l’attroupement qui remplissait la salle jusque sur le palier du grand escalier
aux cris de « Vive Lamartine ! Vive le drapeau tricolore ! »
« Histoire
de la Révolution de 1848 »
par Alphonse de
Lamartine
Paris, 1849
« (…)
Je vous remercie de tout cœur d'avoir fait intervenir l'idée de Dieu dans la
République que vous organisez (…) »
« (…)
Et puis, quel est l'homme plus sainement républicain que Dieu fait homme ?
(…) »
« Quelques épisodes
particulièrement célèbres — comme le transfert des calices, des ciboires
et du Christ de la chapelle des Tuileries à l’église Saint-Roch par les
insurgés eux-mêmes, durant la journée du 24 février 1848 — illustrent le caractère religieux de la Révolution de 1848, qui
« se fit contre le trône, mais
respecta l’autel ».
Les
représentations que les « quarante-huitards »
avaient du Christ, qu’ils voyaient comme un « sans-culotte », comme le premier des républicains ou des
socialistes, témoignent, elles aussi, des rapports qui
s’établirent à cette époque entre religion et politique.
De son côté, l’Église accueillit
favorablement les événements de Février.
Le 7 mars, Mgr Affre assura
Dupont de l’Eure « du loyal concours
du clergé », ce à quoi le chef du Gouvernement provisoire répondit par
ces mots rassurants : « La
liberté et la religion sont deux sœurs également intéressées à bien vivre
ensemble »; enfin, le clergé catholique donna bien volontiers sa
bénédiction aux arbres de la Liberté.
Par ailleurs, en diverses
circonstances, la Seconde République associa l’Église à ses actes ou à ses
fastes.
Ainsi, dès le 29 février 1848, le
Gouvernement provisoire engagea « M.
l’archevêque de Paris et tous les évêques de la République à substituer à
l’ancienne formule de prières les mots Domine, salvam fac Rempublicam »;
au mois de novembre, le ministre des Cultes pria les archevêques et les évêques
de faire célébrer dans toutes les paroisses de leur diocèse un Te Deum « pour appeler les bénédictions du ciel sur
cette Constitution, qui fonde et proclame la République démocratique ».
Cependant, les nouveaux textes ou
projets relatifs au statut des cultes et aux rapports devant exister entre
ceux-ci et l’État sont généralement passés sous silence par les historiens de
1848, dont l’attention s’est plus volontiers portée sur des questions d’ordre
politique et social que sur des questions d’ordre religieux.
Pourtant, la Révolution de 1848 amena
très rapidement quelques modifications majeures dans la situation des fidèles
pratiquant un culte minoritaire ; puis, en supprimant toute référence au
catholicisme, la Constitution du 4 novembre introduisit une rupture,
temporaire certes, mais fondamentale dans l’histoire religieuse
institutionnelle de la France ; enfin, la révision du Concordat de 1802
fut entamée, mais n’aboutit pas.
Dans la Constitution du 4 novembre
1848 le préambule s’ouvre par la formule : « En présence de Dieu et
au nom du peuple français, l’Assemblée nationale proclame… »
© « La politique religieuse de la Seconde
République »
par Jacqueline
Lalouette
http://rh19.revues.org/document619.html
« Après
avoir pris une part active, ainsi que la majeure partie de mes condisciples, au
mouvement qui s'opère j'éprouvai, comme eux, le besoin de vous témoigner notre
reconnaissance… »
Le
gouvernement Guizot décide d'interdire les banquets, faux repas mais vraies
« meeting » politiques, mais une manifestation d'étudiants et d'ouvriers (qui seront rejoints le lendemain par la garde
nationale composée de petits bourgeois) s'organise le 22 février 1848… Le roi renvoie finalement son ministre Guizot, et
la protestation se calme… provisoirement.
Le
23 février 1848, dans un climat tendu, l'armée riposte à des tirs et la
fusillade fait vingt morts parmi les manifestants (fusillade du boulevard des
Capucines). L'annonce de cet événement soulève Paris et déclenche une
insurrection.
Les
barricades se multiplient.
Dans
la nuit, Louis-Philippe rappelle Adolphe Thiers, qui l'a porté au pouvoir 18
ans plus tôt…
Le
24 février, Adolphe Thiers lui conseille de s'enfuir à Saint-Cloud et de
reconquérir Paris à la tête de son armée.
Le
roi, horrifié à la perspective de faire couler du sang s'y refuse et il se
résout à abdiquer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, en confiant
la régence à la duchesse d'Orléans. Il quitte la capitale.
La
duchesse d'Orléans, non sans panache, se présente avec ses deux enfants au
Palais Bourbon où siègent les députés. Ceux-ci inclinent à approuver la régence
quand, tout à coup, la foule envahit les lieux.
Les républicains commencent à se manifester. Un
cri retentit : «À l'Hôtel de Ville !»…
Lamartine,
Ledru-Rollin, Arago, Dupont de l'Eure, Marie, Garnier Pagès… proclament dans la
nuit l'avènement d'un gouvernement républicain…
© CDDP
de l'Eure
http://crdp.ac-rouen.fr/crdp76/
« (…) Je suis un peu fixé sur les bases de la
constitution projetée. Cela me rassure, je ne redoute plus l'anarchie
(…) »
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